Perdre une amitié ...


J'ai rencontré cette fille au lycée, nous n'étions pas vraiment proches mais avions les mêmes amis. Nous nous côtoyons donc souvent sans pour autant se trouver beaucoup d'atomes crochus. A cette époque nous devions avoir 16 ans.

Elle, une jolie petite blonde s'habillant en talons hauts, toujours très classe avec beaucoup de charisme et très intelligente, en couple depuis plusieurs année avec un garçon plus âgé. 
Et moi, la grande perche pas encore formée et très timide, dont les aspirations étaient plutôt de sortir avec un max de garçons.


Seconde, Première, Terminale, ... Puis le bac et l'arrivée à la fac...


 Nous nous sommes retrouvées à Lille avec d'autres de nos amis communs. 
Elle en médecine, moi à la fac de droit.
Elle révisant intensément, moi profitant des soirées étudiantes avec mes amis.

Nous arrivions rapidement à la fin de l'année, échouant toutes les deux pour des raisons différentes.
Au fil du temps, nous nous étions beaucoup rapprochées, tellement rapprochées que nous étions devenues cul et chemise, des supers copines. Nous passions tout notre temps ensemble, nous étions devenues complétement i-n-s-é-p-a-r-a-b-l-e-s. 

A cette époque, j'étais encore très fofolle, mes idées étaient arrêtées. Je me souviens que les élections présidentielles avaient eu lieu vers la fin de la Terminale, je faisais partie de ces pro-Sarko et avait un discours pouvant irriter de nombreuses oreilles, du genre "chacun pour soit!", "à mort les assistés", "vive les bourgeois"... La crise d'adolescence, vous voyez ?
Elle était exactement l'inverse de moi, plutôt socialo, à cheval sur les principes chrétiens de partage, d’entraide, d'amour. D'ailleurs, elle se revendiquait comme telle.
Ce que j'aimais chez elle : son intégrité, sa gentillesse et sa bonté.

Je ne vais pas vous raconter ces nombreuses belles années que nous avons passées ensemble. Je vous dirais seulement que cette amie m'a fait devenir une personne meilleure ou au moins, beaucoup plus réfléchie. 

J'ai beaucoup grandit en quelques années, j'ai rencontré mon premier amour, puis j'ai beaucoup souffert. Elle était là lorsque j'étais au plus mal, je n'avais plus personne car, amoureuse, je m'étais éloignée de tout le monde.
Si je n'ai pas fait de bêtises à cette période, c'est parce qu'elle m'a soutenue durant tout ce temps, qui m'a paru une éternité.

Nous sommes arrivées ensemble en 3ème année de droit, pendant les vacances nous avions rencontré plein de nouvelles personnes, nous nous étions fait de nouveaux amis.

Puis, j'ai rencontré un garçon. Mon amie l'a très mal vécu, même si j'avais posé comme point d'honneur à mon nouvel amoureux qu'elle passait en premier.
Nous vivions presque à 3, je ne me sentais vraiment pas de la laisser seule. Elle qui a toujours été entourée, par sa famille, ses amis et son copain avec qui elle devait être depuis 7 ans et qu'elle voyait le weekend. Elle qui vivait si mal la solitude.

J'ai vraiment fait mon possible pour qu'elle ne se sente jamais mise de coté, mon couple en a d'ailleurs beaucoup souffert.

Jusqu'au jour où la phrase fatale est sortie de sa bouche : "Je dois me faire un nouveau groupe d'amis".
Quand j'y repense, il était logique que l'on en arrive là un jour. Mais je l'ai mal vécut.
Pourquoi ? Parce que j'avais tout fait pour ne pas la blesser.
Elle a commencé à sortir avec nos amis, en cachette, je me suis sentie exclue...
Je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'elle réagisse comme çà et lorsque je lui faisait part de ma frustration, elle me faisait passer pour la fille susceptible ou me disait que c'était parce que la ou les personnes qui l'avait invité n'avait pas pensé à moi.

Je n'ai rien dit pendant longtemps, j'ai subit ... Je me suis dit qu'une amitié comme celle que nous avions ne pouvait pas être gâchée pour des broutilles comme celles-ci.

Mais tout est devenu de pire en pire. Est arrivé le décès de son grand-père et la fin de son couple.
Je ne voyais plus que les piques qu'elle me lançait à longueur de journée.
Elle me demandait constamment des services et si je refusais : "Pas grave, je vais demander à quelqu'un d'autre! ". J'avais peur de ne plus la revoir, de ne plus pouvoir passer du temps avec elle, alors j'acceptais à chaque fois. 
Frustrée de ne retrouver aucun retour. Je lui en faisait part, elle me répondait "Un service, c'est gratuit !", oui, mais je parlais d'un remerciement, rien de plus...
Désormais, la voir me faisait peur, j'avais mal au ventre. Je me préparais à recevoir une nouvelle critique, un nouveau chantage affectif.

Finalement, elle est partie en Erasmus et moi j'ai déménagé avec mon copain dans le Sud de la France, poursuivre mon M1. 
J'avais de ses nouvelles de temps en temps, je suis même allée la voir une fois. 

Les choses allaient un peu mieux, mais elle m'a reproché de ne pas être venue plus souvent.
L'année est passée et elle a décidé de venir s'installer dans la villes où j'étais et où je suis toujours aujourd'hui, d'autres de nos amis lillois sont également venus dans le Sud.

J'ai beaucoup appréhendé de la revoir. Et ma peur s'est confirmé.

Elle a passé un an en dépression à repenser à son année Erasmus et ô combien la vie était meilleure là bas.

Finalement, j'ai pris la décision de ne plus la revoir, sa présence était devenue toxique. Tous ses principes, ce pourquoi je l'aimais tant, elle ne demandait qu'aux autres de les respecter -fais ce que je dis pas ce que je fais-

Elle était devenue égoïste, jalouse, avare... Elle qui avait toujours été parfaite, avait toujours réussit, elle se déresponsabilisait en imputant la faute sur son entourage, qui, soit disant, lui voulait du mal, lui portait malheur.

A la fin de l'année,  elle est repartie retrouver sa vie Erasmus, elle avait perdu presque la totalité de ses amis en France.

Parfois je me sens mal, je me dis qu'elle est devenue comme çà car je ne l'ai pas assez soutenue.

Aujourd'hui, nous ne nous parlons presque plus. 
Nous n'avons jamais eu de règlement de compte ou de grosses disputes. La seule chose que j'attendais était des excuses ... Je n'en ai jamais eues, car selon elle j'étais trop susceptible.

J'arrive à la conclusion que, parfois, l'amitié aussi forte soit-elle ne peut résister. Que parfois, il faut mieux lâcher prise et laisser cet ami s'en aller, avant de se blesser mutuellement.
Et de laisser place à la colère. Parfois, essayer d'arranger les choses ne fait qu'envenimer la situation.

Si je n'avais pas essayer d'arranger la situation, j'aurai eu de lourds regrets. Si j'avais arrêté les choses avant qu'elles ne devienne irréparables, je ne serai pas en colère comme je le suis aujourd'hui.










Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire